Châlons-en-Champagne naît au croisement d'une voie romaine, la voie Agrippa, et d'une rivière, la Marne en 20 avant J.C.
La ville, appelée Catalaunum (du nom de la tribu gauloise des Catalauni "ceux qui sont braves au combat"), devient chef-lieu d'une cité à la fin du IIIe siècle et centre d'un évêché au début du siècle suivant. L'évêque, seigneur de la ville, prend en charge l'essor de la ville et sa protection.
Châlons se développe au XIIe siècle, en intégrant la Hanse des dix-sept villes drapières des Flandres et du Nord de la France. L'activité marchande apporte richesses et croissance de la population. Elle s'agrandit et se protège derrière une nouvelle enceinte au XIIIe siècle qui marque son apogée. La guerre de Cent Ans et les ravages de la peste stoppent cet essor. Jusqu'au milieu du XVIIIe siècle, Châlons garde une certaine prospérité qui se matérialise dans les productions artistiques et architecturales. Les deux derniers intendants de Champagne, Barberie de Saint-Contest et Rouillé d'Orfeuil, se chargent, à partir de 1750, d'embellir la ville : alignement et élargissement des principales artères, Hôtel de l'Intendance (devenu Préfecture), cours d'Ormesson, Hôtel de Ville et sa place, pont de Marne, Portes Sainte-Croix, Saint-Jean et Saint-Jacques, Grand Séminaire, ... Si la Révolution a eu pour conséquence des destructions de monuments, elle met en place le département de la Marne, avec Châlons pour Préfecture.
Les casernes se multiplient au XIXe siècle à Châlons, chef-lieu de la 6e région militaire : Forgeot, école d'artillerie, Tirlet, Chanzy, Février, Corbineau, hôpital militaire.
La Ville encourage ce développement, espérant relancer le commerce local. L'arrivée du chemin de fer, en 1849, permet l'implantation des industries (Maisons de Champagne, tonnellerie Martin, fabrique Grandthille, ...). La croissance démographique s'inscrit dans l'urbanisme : création de la place Godart, de la place de l'Hémicycle, de la rue Lochet et construction de la prison, du palais de justice, des archives départementales, du marché couvert, du cirque ...
La ville connaît un essor après la Seconde Guerre mondiale, amenant la construction des quartiers périphériques. Dans le même temps, elle se démilitarise alors que l'industrie poursuit son implantation. Consciente de sa richesse patrimoniale, Châlons-en- Champagne met en place une Zone de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager (ZPPAUP), tout en poursuivant l'embellissement de la ville : Bibliothèque Georges Pompidou, reconstruction de la Galerie de l'Hôtel de Ville, réaménagement de la rue de la Marne, plan de ravalement des façades, restauration des églises ...
Le camp de Châlons
On trouve aux portes de Châlons-en-Champagne un camp installé dès 1792 : le "camp de Châlons". Une partie du territoire national est alors envahie. Des moyens de défense doivent être mis en place. Châlons s'impose par sa situation géographique.
Un corps de 12 000 hommes, dont 2 000 de la gendarmerie nationale, arrive. Il faut prévoir des lieux de campement, des cuisines, des infirmeries et le stockage de l'armement. Le camp est installé en septembre 1792, lieu de passage pour les troupes. On reçoit des hommes déjà équipés pour un casernement de courte durée. Même s'il peut accueillir 12 000 hommes, le terrain ne permet pas l'afflux de troupes. Il faut installer un autre camp à L'Epine. Il accueille, en novembre, des hussards et quatre bataillons de volontaires. D'autres camps sont aménagés sur la route de l'Est (Fresne et Dombasle), mais Châlons reste le quartier général jusqu'à la fin d'octobre 1792. Puis, la menace extérieure s'éloigne. Le camp de Châlons est levé à la fin de l'année 1792.
Châlons figure dans les plans du Grand État-Major depuis 1840. Même si la ville n'est plus à proximité immédiate des frontières depuis le rattachement de la Lorraine, elle sera un élément déterminant de la politique impériale. En 1856, Napoléon III fait le choix d'un terrain en jachère, entre la Suippe et la Vesle, pour y installer le "camp de Châlons". Ce terrain permet des manœuvres de masse. Voisin de la frontière de l'Est, il est à proximité de Paris.
Le 25 septembre 1856, les commerçants de Châlons signent une pétition. Ils trouvent son implantation trop éloignée de la ville. La zone est à 15 kilomètres au nord de Châlons. L'accès au camp et son approvisionnement sont prioritaires. Des routes sont aménagées. Un chemin de fer de raccordement est construit. Dès lors, le camp de Châlons connait un rayonnement important. C'est une vitrine de l'armée impériale. Cérémonies et prises d'armes, concerts et pièces de théâtre se succèdent. Le camp de Mourmelon survit à la chute de l'Empire et devient un camp d'entraînement.
Le Soldat inconnu américain
Le Soldat inconnu américain de la Première Guerre mondiale a été choisi à l'Hôtel de Ville de Châlons-en-Champagne. Il repose au cimetière d'Arlington.
Le 29 octobre 1919, le Général de Brigade William D. Connor, commandant les Forces américaines en France, propose au Chef d'État major de l'Armée américaine, de célébrer un Soldat inconnu américain non identifié mort sur le sol de France, sur le modèle des cérémonies françaises. Ce projet est désapprouvé. L'état civil américain affiche clairement sa volonté d'identifier tous les corps de militaires.
Le 21 décembre 1920, le député Hamilton Fisch Jr présente une résolution sur le retour aux Etats-Unis des restes d'un Soldat inconnu américain mort en France qui serait accueilli, avec les cérémonies officielles, dans un tombeau du cimetière militaire national d'Arlington. La cérémonie commémorative du Soldat inconnu américain est programmée le 11 novembre 1921. La sélection se déroulera à Châlons-sur-Marne, le 24 octobre 1921.
Le choix de Châlons peut paraître surprenant puisque la ville n'a pas été le théâtre de violents combats des Forces américaines. Les explications sont en fait pratiques : Châlons est un important nœud ferroviaire (ce qui permet de diriger le corps désigné vers Le Havre plus facilement) et se trouve au centre de la zone d'exhumation des corps qui participeront au choix. Quatre cercueils seront apportés dans la ville en provenance de Belleau (Aisne), Romagne-sous-Montfaucon (Meuse), Thiaucourt-Regnieville (Meurthe-et-Moselle) et Bony (Aisne).
Le maire de Châlons, Joseph Servas, demande aux chefs d'établissement de donner congé à leurs employés le lundi après-midi plutôt que le samedi pour qu'ils puissent participer à la cérémonie. Les commerçants décorent les rues allant de l'Hôtel de Ville à la gare.
Le 22 octobre, quatre corps sont exhumés et examinés afin de constater que le décès est dû à une blessure reçue au combat. Les dépouilles sont placées dans un cercueil plombé, puis dans un second cercueil, avant de partir pour Châlons où ils sont accueillis par une compagnie du 106e Régiment d'Infanterie. Les quatre cercueils sont exposés dans le vestibule de l'Hôtel de Ville qui tient lieu de chapelle ardente. Le public défile pour rendre un dernier hommage aux dépouilles. Le sergent F. Younger de la Compagnie de commandement du 2e bataillon du 50e Régiment d'Infanterie des Forces U.S. en Allemagne, blessé à deux reprises au cours de la guerre, dépose un bouquet de roses blanches sur l'un des quatre cercueils anonymes. Il désigne ainsi celui qui deviendra le symbole de tous les disparus américains. Le cercueil est placé au sein d'un autre sur lequel une plaque en argent indique : "An unknown American who gave his life in the World War" ("Un Inconnu américain qui donna sa vie dans la Guerre mondiale"). Les trois autres cercueils sont transportés au cimetière de Romagne-sous-Montfaucon.
Le 11 novembre 1921, soit trois ans après la signature de l'armistice, le cercueil est inhumé à Arlington.
Le 4 juillet 1939, on pose une plaque commémorant cette cérémonie dans le péristyle de l'Hôtel de Ville de Châlons-en-Champagne.
Vive Châlons-en-Champagne !
Au XIIIe siècle, le nom latin de Catalaunum est peu à peu abandonné au profit du nom français de Chaalons. Afin d'éviter toute confusion avec Chalon (sur-Saône), le mot Champagne est accolé au nom de la ville. Lorsque les provinces sont supprimées à la Révolution, le nom de Châlons-en-Champagne est considéré comme dangereux car il se réfère à une ancienne structure féodale. La ville prend alors le nom de Châlons qui devient Châlons-sur-Marne vers 1850.
En 1987, 78 % des Châlonnais consultés font part de leur désir de revenir au nom historique. Ce n'est qu'après dix ans de procédure que la ville redeviendra Châlons-en-Champagne par un décret du 26 décembre 1997. Le retour au toponyme historique, effectif le 3 janvier 1998, a conforté sa politique de développement.