Galerie de Peinture
des Beaux-Arts et d'Archéologie
Galerie Médiévale
Musée des Beaux-arts et d'archéologie Place Alexandre Godart 51000 Châlons-en-Champagne Tél : 03 26 69 38 53
Introduction
Galerie de Sciences naturelles
Châlons-en-Champagne
conception et réalisation : pascal ploix
Galerie
Galerie Mielle
Galerie Nicolas Appert
Musée
Histoire du musée des Beaux-arts et d’Archéologie de Châlons-en-ChampagneLe musée des Beaux-arts et d’Archéologie de la ville de Châlons-en-Champagne, l’un des plus anciens de France, s’est créé au gré des legs, donations et acquisitions, avec pour point de départ les saisies révolutionnaires ordonnées par décret du 22 novembre 1790 sur les maisons royales, religieuses et biens des émigrés, de nombreux objets d’art, statues, tableaux, dessins et autres.
D’abord Muséum départemental à partir de 1793, il rassemble en premier lieu des œuvres d’art et des collections à caractère scientifique, mais seules ces dernières sont présentées au public, entre 1818 et 1861. Présenté d’abord à la Bibliothèque (1861) puis dans l’Hôtel de Ville (1876), le legs à la Ville de Châlons par Charles Picot, inventeur et industriel, de sa collection de 575 peintures et objets d'art marque la véritable naissance du musée municipal. Auparavant, les œuvres héritées du premier Muséum départemental ne constituaient encore qu'une annexe de la Bibliothèque. Après une installation temporaire en 1875 dans une partie du local occupé autrefois par le tribunal civil, en 1879, l'architecte Alexis Vagny entame la construction à partir de 1789, de la galerie de Peintures élevée le long de la place Godart à la place des anciennes prisons.
En 1883 les collections de sculptures s’installent dans le bâtiment construit par la ville en 1848 pour abriter au rez-de-chaussée douze étals de boucherie et à l'étage des salles de classe. Au début du XXe siècle, la construction du pavillon d'angle parachève la façade monumentale sur la place Godart en donnant au musée son extension actuelle.
D'importantes donations ont enrichi les collections au fil des siècles : en 1867, 21 divinités hindoues et un Bouddha monumental par Pierre-Eugène Lamairesse ; en 1879 une importante collection d’ornithologie par Jean-Louis Stanislas Xavier Dorin, complétée en 1909 par la donation d’Eugène Thierry ; en 1908 une collection de peintures par l’Abbé Johannes ; en 1911, une collection d’archéologie par Emile Schmitt et cette même année, une collection d’ethnologie par l’abbé Lallement ; en 1975, une collection de peintures par Georges Mielle. Les collections d’archéologie sont enrichies en 1989 par l’acquisition de la collection Perrin de la Boullaye.
D’un point de vue de l’Architecture, trois périodes sont à retenir :
1877 : début de la construction de la galerie de Peinture sur l’emplacement de l’ancien Tribunal, place Godart
1890-91 : Frontons « allégories de la Littérature et des Arts » par Gustave-André Navlet
1899-24 mars : Projet de pavillon par E. Berton réalisé entre 1903 et 1906.
Le musée et la bibliothèque resteront dans des locaux contigus jusqu’au printemps 2001, quand la bibliothèque est transférée dans de nouveaux locaux construits sur les plans de l’architecte Paul Chemetov.
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Galerie oiseaux
Musée des Beaux-Arts et d'Archéologie de Châlons-en-Champagne 51000
Catalogue
Charles-Joseph Mohen (1818-1895)
Les Varin
XVIIIe, XIXe, XXe siècles
Robert-Louis Antral (1895-1939)
Georges, Gustave Mielle (1886-1974)
La donation Mielle-CaillouxGeorges Mielle nait le 12 octobre 1886, place de l'Hôtel de ville, à Châlons-sur-Marne. Il est le fils de Marie Leparmentier et de Jean-Baptiste Mielle, qui fonde en 1898 les établissements B. Mielle, importante société d'alimentation à succursales multiples dont les comptoirs sont connus sous le nom Les ECO ou Les Magasins bleus.
Georges Mielle reçoit l'enseignement des Frères de Saint Étienne, et, malgré son goût pour les disciplines artistiques et littéraires, s'initie au négoce afin de ne pas contrarier son père. En 1912, il épouse Germaine Cailloux.
Lors de la Première Guerre Mondiale, il est mobilisé et combat sur tout le front de Champagne, en Argonne puis à Dormans au moment du déclanchement de la deuxième bataille de la Marne. De retour à la vie civile, il entre au conseil d'administration des établissements Mielle, dont il assure la présidence à partir de 1931. Le rayonnement de ces établissements à succursales multiples s’étend sur tout l’Est de la France jusque dans les années 1970.
Amateur d’art au goût éclectique, il rassemble dans sa maison de la rue de Terline une importante collection d'œuvres d’art.
En 1964, s'inscrivant dans la lignée des grands donateurs du musée, il offre à sa ville natale un choix de 126 peintures et dessins du XVIIe au XXe siècle, ensemble dont il se réserve cependant la jouissance jusqu'à son décès le 31 décembre 1974.
Présentée depuis décembre 1976 dans la dernière travée de la galerie de Peinture du musée, la collection Mielle bénéficie depuis mai 2012 d’une salle distincte. L’organisation des œuvres a été repensée de manière à faire mieux percevoir les prédilections thématiques du donateur et les tableaux se signalant par leur intérêt et leur qualité.
Une collection qui fait débat
Sans doute dans le souci d’illustrer un panorama de la peinture depuis le XVIIe siècle, Georges Mielle a offert à la ville de Châlons-en-Champagne un ensemble d’œuvres assez éclectique et apparemment sans cohérence. Mais cette collection se caractérise aussi par des œuvres d’inégale qualité, des signatures apocryphes et des attributions fantaisistes aux plus grands noms de la peinture.Considérant que le premier devoir d’un musée est de ne présenter au public que des pièces de qualité éprouvée, la décision d’affecter cette collection au musée de Châlons suscite rapidement de vives réserves de la part de la Direction des musées de France qui missionne des inspections successives afin d’en déterminer l’intérêt réel.Au vu de ces expertises, le Conseil artistique de la Réunion des musées nationaux en sa séance du 16 mai 1966 émet un avis défavorable à l’acceptation de la collection proposée.Le retrait des œuvres douteuses aurait permis régler le problème mais le donateur se refuse obstinément à cet assouplissement.Depuis près d’un demi-siècle, le débat autour de l’intérêt des œuvres de la donation Mielle-Cailloux rejaillit défavorablement sur l’ensemble de la collection faisant oublier qu’une certaine proportion de ses tableaux n’est absolument pas dépourvue d’intérêt artistique.La nouvelle muséographie que le musée propose aujourd’hui entend favoriser un nouveau regard, plus nuancé, sur ce fonds.
Dr Jean-Louis-Xavier Dorin (1789-1882)
Charles Picot (1799-1861)
L.Victor, Gustave et Joseph Navlet (1821-1889)
Nicolas Appert (1749-1841)
Alexis Vagny (1821-1888)
Alexis Vagny, né à Châlons-en-Champagne (ex sur Marne) le 14 janvier 1821, décédé en la même ville le 15 novembre 1888.
Chevalier de la Légion d'honneur. Architecte, il fera toute sa carrière à Châlons-en-Champagne. Architecte de la ville de 1844 à 1877 il réalisa les abattoirs en 1860, la caisse d'épargne (ancien château du marché), l’Hémicycle avec Eugène Collin en 1848, la maison municipale de retraite du faubourg Saint-Jacques en 1870. Il exécute les plans pour la synagogue, rue Lochet, en 1874-1875. Inspecteur des Travaux diocésains. On lui doit plusieurs mairies rurales et quelques églises neuves.
Portrait Alexis Vagny
Charles-Joseph Mohen né le 13 octobre 1818 à Paris
un médecin et ses maquettes d'architecture
Le docteur Mohen donna ses maquettes de son viant à la ville de Châlons-en-Champagne. cette collection comprend plus de 700 motifs, depuis l'époque de la pierre non ouvrée jusqu'à nos jours.
La liste détaillée dénombre 68 maquettes et signale 6 volumes de dessins. Ceux-ci sont aujourd'hui conservés par la Bibliothèque municipale de Châlons-en-Champagne
C'est l'histoire de l'architecture en france. Les monuments les plus remarquables sont sculptés sur bois massif en plein relief; d'autres sont dessinés sur place avec le plus grand soins et la plus fidèle exactitude. Les monuments sculptés en plein relief sont tous établis à l'échelle d'un centimètre par mètre. Les bois sont imbibés de bichlorure de mercure, afin de les préserver de
l'attaque des insectes. " Ces monuments m'ont demandé 20 ans de travail".
Dés son arrivée à Châlons-en-Champagne, le docteur Mohen montra qu'il voulait continuer à
avoir une activité intellectuelle, et d'être utile à ses concitoyens, en devenant menbre de la Société
d'Agriculture, Commerce, Sciences et Arts de la Marne. Le docteur Mohen devint en 1848, l'un des 26 menbres titulaires résidents qui dirigeaient cette Société.
Jean-Pierre RAVAUX: Extrait Des Mémoires de la Socété d'Agriculture, Commerce, Sciences et Arts de la Marne 1999
Portrait Charles-Joseph Mohen
Nicolas Appert(dit par erreur François1, Nicolas-François, Charles ou Charles-Nicolas2), né le 17 novembre 1749 à Châlons-sur-Marne3 et mort le 1er juin 1841 à Massy, est un inventeur français.
Il est le premier à mettre au point une méthode de conservation des aliments en les stérilisant par la chaleur dans des contenants hermétiques et stériles (bouteilles en verre puis boîtes métalliques en fer-blanc). Il crée en France la première usine de conserves au monde
C'est à Châlons-sur-Marne, sa ville natale, que Nicolas Appert apprend son métier de cuisinier et de confiseur. Il s'installe à Paris en 1784. Quelques années plus tard, il découvre qu'en faisant chauffer des aliments à 100 degrés dans des récipients hermétiquement clos pendant un certain temps, on peut les conserver indéfiniment : l'appertisation était née. Pasteur reconnaîtra en lui un précurseur, une grande figure de la science qui a fait progresser l'humanité à laquelle il a tout sacrifié. A voir : La statue Nicolas Appert, Place Sainte-Croix Sa maison natale, 16 place Saint-Jean.
DE LA GLOIRE À L'OUBLI
En 1804, des expériences officielles à bord des navires prouvent les performances remarquables de la méthode de Nicolas Appert. Le Bureau des arts et des manufactures lui décerne le prix de 12 000 francs, la presse ne tarit pas d'éloges sur le "génial inventeur". L'ouvrage "L'art de conserver", dont tous les préfets reçoivent un exemplaire, est épuisé en moins de six mois. En 1852, Nicolas Appert est déclaré "bienfaiteur de l'humanité", il bénéficie de locaux plus vastes pour continuer ses recherches alimentaires qui donnent lieu à de nombreuses publications. Mais la gloire est éphémère et le pauvre Nicolas Appert meurt en 1841, abandonné de tous, oublié aussi vite qu'il avait été encensé. Les Américains sauront lui rendre hommage en enrichissant leur vocabulaire d'un nouveau mot "appertizing", définissant sa technique de conservation. Un neveu de Nicolas Appert, Raymond Chevallier-Appert reprend le flambeau, poursuivant avec obstination les travaux de son oncle. Il met au point en 1851 l'autoclave, dont il dépose le brevet. On vient enfin à une stérilisation parfaite à haute température.
En démontrant que l'action de la chaleur permet la conservation des aliments, Nicolas Appert ouvre la voie aux découvertes de Louis Pasteur sur les micro-organismes, qui seront faites 50 ans plus tard. Louis Pasteur rendra hommage au génial inventeur : à onze reprises dans ses œuvres, il le cite comme précurseur.
Nicolas Appert, en plein bouillonnement post-révolutionnaire, fait une découverte miraculeuse, la conserve. De sa rencontre avec Joseph Colin naquit la conserve de poissons, qui fit la prospérité industrielle de la Bretagne-sud.
Nicolas Appert est né le 17 novembre 1749 à Châlons-sur-Marne de parents aubergistes. Vers 1780, il s'installe comme confiseur à Paris. Son idée de conserve germe, prend corps et finit par l'occuper entièrement, stimulée par le prix de 12 000 francs que le gouvernement offre à l'inventeur qui proposera la meilleure méthode de conservation des aliments pour l'armée et la marine. Bonaparte mène la campagne d'Italie, l'intendance ne suit pas et le gâchis de nourriture est énorme. C'est dans sa fabrique d'Ivry où il est venu s'établir en 1796, que Nicolas Appert met au point, à l'aide d'une énorme marmite et de chaudières en cuivre, ses conserves de lait et de légumes dans de petites bouteilles de verre fermées par des bouchons de liège. Nicolas Appert décrivant sa méthode dans un ouvrage paru en 1810, intitulé "L'art de conserver pendant plusieurs années toutes les substances animales et végétales", précise : "L'action du feu détruit ou au moins neutralise tous les ferments qui, dans la marche ordinaire de la nature, produisent ces modifications qui, en changeant les parties constituantes des substances animales et végétales, en altèrent les qualités."
©photo: Jean-Paul Barbier
Tiré de Les Artisans illustres de Foucaud , gravure sur bois anonyme, vers 1841
Portrait Jean-Louis-Xavier Dorin
Jean-Louis-Xavier Dorin
Docteur en médecine, membre et ancien président de la Société d’agriculture, commerce, sciences et arts de la Marne, médecin en chef de l’École d’arts et métiers de Châlons, né à Triaucourt (Triaucourt, chef-lieu de canton de Bar-le-Duc, faisait partie, à la naissance de M. Dorin, de la Généralité de Champagne) le 26 septembre 1789, décédé à Châlons-sur-Marne le 29 août 1882.
Avant qu’il n’eut entièrement complété ses études médicales à la Faculté de Paris, Dorin était incorporé dans le service de santé de l’armée, et ce ne fut que vers 1812 qu’il put passer ses derniers examens pour le doctorat ; et aussitôt il vint fixer sa résidence à Châlons-sur-Marne, où il exerça la médecine jusqu’à l’âge de 92 ans accomplis, c’est-à-dire pendant 70 ans. Quelques mois avant sa mort il était encore plein de santé et de vie et il conserva jusqu’à la fin la plénitude de ses facultés intellectuelles.
M. Dorin, pendant sa longue carrière, fut successivement médecin des épidémies, médecins des prisons, de la Maison de santé départementale et médecin en chef de l’École des arts et métiers.
M. le docteur Dorin fut en outre président de la société d’agriculture, sciences et arts de la Marne, de 1873 à 1877, il était encore membre du conseil municipal de Châlons.C’était un naturaliste distingué ; il possédait une collection de géologie, de minéralogie et surtout le plus beau cabinet d’ornithologie du département. Il était passionné pour cette branche de la science. Outre ses rapports avec tous les ornithologues ou collectionneurs de l’Europe pendant cinquante ans, il ne passa point de marché à Châlons qu’il ne parcourût dès le matin, afin de s’assurer s’il n’en trouvait point quelque espèce ou quelque variété qui n’existât point dans sa collection.
M. le Dr Dorin a laissé à la ville da Châlons ses belles collections d’histoire naturelle et son cabinet d’ornithologie, qui est un véritable musée que l’on continuera à visiter comme on pouvait le faire auparavant dans la maison du docteur qui en faisait les honneurs avec la plus grande affabilité. On a de lui un discours sur l’ornithologie en 1863, publié dans les Mémoires de la Société d’agriculture de la Marne.Source : AMB 1883.
Portrait Victor Navlet
LES FRERES NAVLETTrois frères, fils de Jean-Baptiste Navlet, vont laisser à la postérité leurs talents pour le dessin, la peinture ou la sculpture1.Le père Jean-Baptiste Navlet, né à Châlons en Champagne le 13 novembre 1792 rue du Pont des Cordeliers2, était vannier, comme son père Jacques, et son grand-père Simon qui était panetier. La famille est pour la branche paternelle originaire des Ardennes, paroisse de Falaise où est né le grand-père Simon. La branche maternelle est originaire de l’Aisne, pour la famille Canon, l’épouse de Jean Baptiste, mais la mère, née Benoit, est originaire de Châlons depuis plusieurs générations et le grand-père était sacristain bedeau de la paroisse Saint-Antoine.
Ce n’est pas une famille aisée ; au décès de Jacques, il laissera pour 65,55 francs de biens à sa succession3.Jean-Baptiste épouse à Châlons le 25 mars 18164Madeleine Canon native de Châlons ; le couple aura quinze enfants. En 1838, Jules Garinet écrira : « M Navlet a eu quinze enfants d’une seule femme il lui en reste onze tous élevés par son travail et celui de sa très digne épouse ».Dans les années 1820, le couple est installé comme locataire rue de Marne entre l'hôtel-Dieu et la rue de grève près de la porte Marne ; ses voisins sont Blaise Guissemin boulanger et la veuve Adrien marchande de laine ; l’immeuble disparaîtra lors de la construction de l’agrandissement de l’hôtel Dieu puis du Centre des chèques postaux au XXesiècle5.Vers 1825, Jean-Baptiste Navlet quitte la rue de Marne et s'installe 1 rue des Sept Moulins6, immeuble détruit lors de la « rénovation7». Jean-Baptiste quittera la rue des Sept Moulins en 1853 pour s'installer boulevard de Marne. A partir de 1833, il est recruté comme professeur de dessin à l’institution Gosserez, qui était installée dans l’ancien hôtel de Ribault au coin des rues Saint-Dominique et du Ban de l’Isle8, puis maître adjoint de dessin linéaire à l’École normale primaire de Châlons ou comme l’écrit Jules Garinet en 1838 « Il a professé à notre grande satisfaction, son zèle, son exactitude sont bien dignes d’éloge et d’encouragement, comme tous nos maîtres il est fort mal payé, ne recevant que quatre cents francs par an9 »et à l’École normale supérieure en 1847. En 1836, l’inspecteur de l’enseignement primaire fait un rapport sur l’institution dirigée à l’époque par Leherle. Il écrit : « Dessin linéaire et écriture. Le dessin linéaire est enseigné par M. Navlet. J’ai vu des morceaux qui prouvent que l’architecture est comprise par les élèves qui, un jour, sauront appliquer les principes qu’ils recouvrent. Les élèves de la deuxième année méritent des encouragements pour leurs succès dans leurs travaux de perspectives. L’écriture est moins soignée et ce côté faible mérite l’attention10… ». C’est donc un professeur reconnu.Il publie en 1841 un « Principes du dessin linéaire à vue » et en 1846 « Les principes de dessin d'architecture » qu'il adressera à la SACSAM11puis un « Atlas comprenant 30 planches de dessins linéaires à vue ». En 1847, il édite un Cours élémentaire et gradué de perspective. Le dessin linéaire était très important à cette époque et Jean-Baptiste Navlet débute son Cours élémentaire… par ces mots « La Perspective est l’art de bien voir… ». La même année, il publie Exercices de dessin d’ornement, Les lettres de l’Alphabet, dont 12 planches en grand in-4°. Comme le précise l’article du Journal de la Marne du 24 juillet 1847 qui en fait une publicité : « Ces lettres, de la hauteur de 20 cm, dessinées et ombrées avec soin, peuvent servir comme modèle dans les classes où on enseigne le dessin… ». L’ouvrage est en vente au journal et chez l’auteur, rue des Sept moulins, au prix de 2 francs.
Il décède à Châlons le 22 août 1873 au 12 rue des Cordeliers. Dans sa nécrologie, le Journal de la Marne du 5 septembre 1873 lui attribue la profession de « professeur de dessin linéaire ». Il laisse peu de chose, sur la table des successions de 1874 figure la mention : « Jean-Baptiste Navlet « professeur de musique valeur du mobilier, argent, rente et créances 62 francs12». Il aura donné le goût des arts à au moins trois de ses quinze enfants.Le premier des frères est Louis Victorqui naît à Châlons le 8 novembre 1819, rue de Marne13. À quatorze ans et demi, il est admis élève gratuit pour deux ans de l’école primaire supérieure communale de Châlons par délibération du conseil municipal du 27 mars 1834 ; son père y est encore désigné comme vannier14. Il débute sa carrière artistique comme lithographe et part travailler à Amiens. Il excelle dans le dessin. En 1844, il s’installe à Paris et expose au Salon à partir de 1848. En 1852, il commence à peindre une toile monumentale : Vue générale de Paris prise de l’Observatoire en ballon que le gouvernement lui achète en 1855 et actuellement dans les réserves du musée d’Orsay à Paris, c'est le plus grand tableau de ce musée15. Il réalisera également deux autres vues de la capitale : Paris vu du Louvre et vu des tours de la cathédrale Notre-Damerespectivement en 1852 et 1853, toutes deux conservées au musée Carnavalet.
Il se lance alors dans la peinture architecturale tant extérieure qu’intérieure ; le ministre de la Maison de l’Empereur accorde le 29 juillet 1865 au musée de Châlons un tableau représentant La Galerie d'Henri II à Fontainebleau. Le musée d’Orsay à Paris présente L’Escalier de l’Opérade 1880. Grâce à ses participations aux Salons à Paris, la gloire commence à arriver avec des commandes en particulier de l’État. À l’exposition universelle de 1867, il présente deux toiles. Lors de la restauration du palais de la Légion d’honneur, ancien hôtel de Salm en bord de Seine, suite à son incendie en 1871, on lui commande deux tableaux qui sont installés dans l’antichambre : La distribution des prix dans la salle des Gardes au château d’Écouen et une Vue du châteaud’Écouen. Il peint divers édifices publics en France mais aussi à Rome où il séjourne souvent et au Vatican où il peint des intérieurs. A 66 ans, il doit subir une intervention chirurgicale qui entraîne son décès à Paris le 25 février 188616. Le 4 mars 1886, le Journal de la Marne lui consacre un bel article qui se termine par : « Victor Navlet était un peintre de talent, et doué d’un courage persistant. Il s’est lancé seul, sans fortune, dans une carrière difficile. C’était en outre un caractère indépendant et énergique ». Le 6 mars le même journal publie un nouvel article et le journaliste reprend l’histoire des Navlet du père et des trois frères, mais précise : « Joseph Navlet, né le 12 février 1821, et mort il y a quelques années… » Dans la livraison du 8 mars, figure un rectificatif « Joseph Navlet, le frère puîné de Victor n’est pas mort ».
L’année suivante le conseil municipal de Châlons, par délibération du 14 février 1887 décide l’acquisition de huit tableaux de Victor Navlet : Foyer à l’Opéra, Musée de Cluny, Une salle au Sénat, Saint-Pierre de Rome, Salle Constantin au Vatican, Chapelle Saint-Pierre de Rome, Le portique d’entrée des appartements du Pape, Galerie d’un monument de Romepour 6000 francs. C’est la famille qui propose à la ville de lui acheter ces tableaux qui « étaient conservées par le peintre comme ressources pour ses vieux jours ». La séance du conseil est animée : faut-il une commission, y-a-t-il des conseillers capables d’apprécier les œuvres?… et le vote est acquis par 11 voix pour et 9 contre. Mais le Journal de la Marne du 17 février donne un éclairage plus savoureux de la réunion « Bourdon insiste pour la nomination d’une commission. Damel lui répond : « Il s’agit avant tout d’une manifestation en l’honneur d’un artiste transcendant. Il y a sans doute, au sein du conseil municipal, des membres capables d’apprécier les tableaux, des connaisseurs, des hommes d’un goût éclairé…». Le ton monte et Thuveny intervient « Vous avez l’air de nous bêcher » Damel rétorque « Je ne vous bêche pas, je dis qu’il faut acheter les œuvres d’un enfant de Châlons ».
Le 13 mars 1887, E. Navlet au nom de la famille remercie la ville de cet achat17.Le musée recevra en don de la famille Navlet un autre tableau de Victor, le 12 juillet 1889 La salle des Conférences de la Chambre des Députés ; ce tableau n’ayant pu être achevé par Victor, c’est son frère Joseph suite à son décès qui le termina ; il existe donc un tableau à quatre mains des deux frères. La lettre d’envoi est très descriptive et nomme les personnages peints et leur emplacement sur le tableau. Ainsi nous pouvons reconnaître sur ce tableau18Hippolyte Faure alors maire de Châlons, Clemenceau ou Thiers, mais aussi Victor Navlet.Le musée conserve par ailleurs un portrait de Victor à l’âge de 25 ans qui a été offert à la ville par Honoré Lambin Navlet19.
Josephest plus jeune de deux ans que Victor, il naît le 11 février 1821 à Châlons rue de Marne20. Tout au long de sa vie, il sera attiré par la peinture d’histoire. Très jeune, tout en étant emballeur vannier dans la maison de vins de Champagne Jacquesson, il réalise une œuvre qui sera pendant plusieurs années une curiosité châlonnaise. En effet, tout près des caves Jacquesson, sur le Mont Saint-Michel, était installée une caserne d’infanterie. Le jeune Joseph passa tout son temps disponible à décorer les façades de ces baraquements au fusain et au crayon. Ce n’étaient que scènes militaires et portraits pris dans l’histoire de France. Pendant deux ans, les Châlonnais vinrent suivre l’évolution de l’œuvre de Joseph, mais le temps effaça ces fresques qui ne pouvaient qu’être éphémères. Cela lui valut toutefois une bourse de 400 francs de la ville en 1844 par délibération du conseil municipal du 3 février21, ce qui lui permit de rejoindre la capitale et de prendre des cours dans l’atelier d’Alexandre Abel de Pujol22. Il obtiendra cette bourse plusieurs années durant, jusqu’en 1850 « pour encouragement aux arts et aux professions industrielles ».
Son dessin était rapide et la couleur sa passion, mais il poursuivra son œuvre dans les scènes historiques et il nous a laissé de grandes compositions.En 1855, il met en vente chez son père un tableau Le Retour du Golgotha23pour lequel il obtient une médaille de première classe de la Société d’Agriculture Commerce Sciences et Arts de la Marne, lors de l’exposition départementale.
En 1858, il propose une façon originale de vendre un tableau, en organisant une loterie autorisée. L’œuvre La Bataille des Champs Catalauniques, avait été présentée à l’exposition de Paris de 1857. Le billet est en vente 1 franc et 3000 billets sont édités. La ville par décision du conseil municipal du 14 juin 1858 en achète pour 100 francs. Un article est publié dans le Journal de la Marne du 20 juin 1858. Aucune trace du tirage n'ayant été retrouvée, on ne sait ce qu'il est advenu de ce tableau24.Chaque année, il fait une exposition à l’hôtel Drouot où il met en vente « ses œuvres dessins, aquarelles, tableaux d’histoire et de genre25». Il peint des tableaux historiques comme cela était prisé au XIXesiècle. On peut citer ainsi, La Bataille de Waterloo ou Le Martyre de Jeanne d’Arcen passant par Saint Alpin devant Attilaou encore Le passage de Louis XVI à Châlons après son arrestation, visible au musée de Varennes-en-Argonne.
Il meurt à Paris des suites d’une attaque de paralysie le 16 avril 1889. Dans sa nécrologie le Journal de la Marne du 23 avril 1889 conclut son article ainsi : « Il a produit des œuvres assez nombreuses qui l’ont honorablement classé parmi les peintres modernes ».Vers 1825, Jean Baptiste Navlet quitte donc la rue de Marne et s'installe 1 rue des Sept Moulins26, c'est là que naît le 25 avril 1832 Gustave André Pome, troisième frère. Ce ne sera pas la peinture qui passionnera Gustave, mais la sculpture. Comme son frère Joseph, il est emballeur vannier chez Jacquesson, mais très vite il rejoint ses frères à Paris. Hélas, il n’arrive pas à vivre de son art, la sculpture. Aussi après quatre ans de vie parisienne, il revient à Châlons en 1857. Il se signale immédiatement à la Société Académique en envoyant une sculpture Jésus au Templepour être exposée en séance publique. Il renouvellera ces envois jusqu’en 1877. La société lui accordera en 1866 une médaille d’or, renouvelée en 1867 avec un prix de 150 francs puis en 1868 et enfin en 1869 une médaille d’argent.
Il se marie à Châlons avec Marie Anne Adélaïde Foillot le 27 novembre 185827. En 1861 le couple habite au 34 faubourg de Marne. 28
Il reprend son ancien métier mais poursuit sa passion. Il sculpte deux œuvres qui seront exposées en 1861 au concours régional de Châlons qui se tient au jard ; il présente une Allégorie de la Champagneet une statue monumentale La France protégeant la Syrie. La municipalité de Châlons lui offre une bourse qui lui permet de retourner à Paris où il étudie de 1863 à 1870 la sculpture dans l’atelier de Bonnassieu tout en étant employé dans une usine de gaz parisienne. En 1863, il reçoit le premier prix de figure au concours général des fabricants de bronze d’art pour Le repos interrompu.
Le 4 juillet 1880, alors qu’il demeure à Paris 122 rue de Flandre, il sollicite par lettre de la ville de Châlons une subvention afin de réaliser une statue pour mettre sur la tombe de son frère aîné Jacques Hippolyte. C’est une statue de 90 centimètre de haut figurant une femme entièrement voilée. Il obtient par délibération du conseil municipal la somme de 200 francs.Il revient dans sa ville nataleLe 17 novembre 1881, il sollicite la place de professeur de dessin à Epernay ; il précise « Je suis né à Châlons sur Marne, et protégé par la municipalité de cette ville, notamment l’honorable M. Faure, qui serait heureux de me voir une position assurée comme artiste sans fortune. Je suis statutaire et c’est d’après les grands bas-reliefs que j’ai exécutés cette année dans les caves de M. Mercier à Epernay que plusieurs personnes de cette ville m’ont conseillé de solliciter la place en question, vacante par le décès de M. Portelet ». Le principal du collège rejette sa candidature et écrit « Quant à M. Navlet il a déclaré à M. le Maire qu’il n’était pas préparé à l’enseignement du dessin industriel et même qu’il n’avait jamais pu comprendre un traître mot à la géométrie. »29Peu avant 1885, il s’établit à Reims où il a une production importante. En 1890, il demeure au 85 rue du Barbatre30. C’est dans les caves des maisons de vins de Champagne de Reims ou d’Epernay qu’il réalise des bas-reliefs imposants. Chez Pommery, à Reims, on peut admirer La Fête à Bacchus, Un Souper sous la régence et Silène ; chez Mercier, à Epernay, L’Enfance de Bacchus , Dom Pérignon , Les Vendanges . Pour cette même maison de champagne qui était en avance sur son temps en matière de « publicité » il sculpta la façade de l’énorme foudre pouvant contenir 200 000 bouteilles qui sera présentée à l’exposition universelle de Paris de 1889 : pesant 20 000 kilos il fallut 12 paires de bœufs du Morvan et 18 chevaux pour le tirer!
A Châlons, il reste de lui les deux frontons du musée des Beaux-arts et d'Archéologie place Godart, grâce au don de 15 500 francs à la ville par Joseph Chevallier31et sculptés en 1890-1891. Le fronton principal est payé 1025 francs et le second fronton 775 francs32. Alors que Pierre Bourdon est maire de Châlons (1884-1900), il lui adresse un courrier non daté présentant deux projets pour orner la face ville de la porte Sainte-Croix, l’un présentant le commerce et l’autre l’agriculture. Il n’y aura pas de suite et aucun dessin n’est annexé à la lettre33.On lui doit encore un Jacques Callot, un Valentin Duvalou une statuette La Conscience et l’amour. Il poursuivra son œuvre jusqu’à sa mort le 11 février 1915 à Reims. Il habitait alors au 72 rue de Courlancy34et est décédé à l’hospice des Petites Sœurs de Pauvres, classé du fait de la guerre hôpital de quarante lits, sous la responsabilité du Dr Talon médecin chef ; à cette époque Reims est en première ligne, avec pas moins de vingt deux hôpitaux sont installés dans la ville35. Gustave Navlet a vécu la dévastation de Reims et de son emblématique cathédrale ; comme sculpteur, il n’a pu être insensible à cette destruction.
Ces trois frères ont laissé leur trace dans l’histoire de l’art.
JPB
1 Arch. Dépt. Marne chp 8368. Une biographie des frères Navlet sous le titre « Une famille d’artistes châlonnais les Navlet » a été publiée par Charles Rémy en 1887, Impr. Le Roy Châlons et Annuaire de la Marne 1887.
2 Arch. Mun. Châlons GG13 Saint-Alpin.
3 Arch. Dépt. Marne 3Q95 13.
4 Arch. Dépt. Marne 2/E119/263. Après le décès de son épouse, Jean-Baptiste épousera le 11 février 1860 à Châlons Marguerite Justine Vallet.
5 Arch. Mun. Châlons 2/1 F 9.
6 Arch. Mun. Châlons 2/1 F10.
7 Arch. Mun. Châlons 1 E 130. La rénovation de Châlons-en-Champagne menée par les maires Degrëave et Ménard a consisté à détruire le centre médiéval de Châlons dans les années 1970.
8 Louis Grignon « Topographie historique de la ville de Châlons », Châlons, 188, p. 117.
9 Arch. Dépt. Marne 1 T 1525, lettre de 1838 de Jules Garinet au ministre de l’Instruction publique pour obtenir une bourse pour Jean-François Marie Navlet né en 1818, pour entrer à l’École normale d’instituteur. Il sera nommé instituteur public de Ventelay le 25 octobre 1841 (1 T 1753).
10 Just Berland : La création et les débuts de l’École normale primaire de la Marne, 1934.
11 Société d’Agriculture Commerce Sciences et Arts de la Marne
12 Arch. Dépt. Marne 3Q95 21.
13 Arch. Mun. Châlons E1 91.
14 Arch. Mun. Châlons 2/1 D12.
15 En 1997 sur le cartel de ce tableau figurait « Victor Navlet est né à Châlons-sur-Seine ».
16 Arch. Seine 5MM3 R1113. Il demeurait au 22 rue de Sommerance et est décédé à 11h 00 du soir au 1 place du Parois Notre Dame.
17 Arch. Mun. Châlons 2/ 1 D44.
18 Arch. Mun. Châlons 2/ 2 R 47.
19 Arch. Mun Châlons 2 /1 D45 CM du 17.02.1887.
20 Arch. Mun. Châlons E1 97.
21 Arch. Mun. Châlons 2/1 D16.
22 Alexandre Abel de Pujol (1787-1861), peintre d’histoire, religieux, scènes de genre et portraits. Prix de Rome et membre de l’Institut.
23 Journal de la Marne.
24 Arch. Mun. Châlons 2/ 1 D20a.
25 Journal de la Marne du 8 mars 1886.
26 Arch. Mun. Châlons 2/1 F10.
27 Arch. Dépt. Marne 2 E 119/305.
28 Arch. Mun. Châlons 1 /2 D 12.
29 Arch. Dépt. Marne 1 T 1525
30 Arch. Mun. Châlons 2 /4 M37
31 Sur Chevallier voir : Jean-Paul Barbier : Des Châlonnais illustres célèbres et mémorables, 2000, édition du Petit Catalaunien
32 Arch. Mun. Châlons 2 /4 M37.
33 Arch. Mun. Châlons 2/ 1 M 50.
34 L’Éclaireur de l’Est 14 février 1915.
35 Almanach de la Marne 1914-1915 paru en 1916.
Charles PICOT
Son enfance
1800…Un nouveau siècle. Charles fête son premier anniversaire, à l’ombre du moulin paternel. C’est en effet Monsieur Picot père qui, quelques années auparavant, l’avait fait édifier.
Les Picot, sont meuniers depuis des générations. Installés au fil de l’eau, aux Sept Moulins ou à la Porte de Marne de Châlons, ils sont locataires de leurs moulins. En 1739, à l’occasion d’un malentendu avec un propriétaire de la ville, l’arrière grand-père de Charles acquiert un ancien moulin à vent en bois, situé en limite de Châlons et de Saint-Memmie, en contrebas de la route de l’Épine.
François Piquot, ancêtre de Charles Picot, porte peu d’intérêt au moulin, et retourne en ville. Son petit-fils Nicolas, le père de Charles, intéressé par cet héritage familial, entreprend avec dynamisme l’édification d’un solide moulin en craie, sur un emplacement judicieusement choisi pour la prise au vent : la Fourche de l’Épine, alors comprise dans le territoire châlonnais, paroisse Saint-Jean.
Le site n’est pas seulement propice à l’industrie meunière ; il offre également un vaste et magnifique panorama :
A l’ouest, nous apercevons la ville fortifiée, avec, au-delà et au sud jusqu’à un horizon éloigné, un déploiement de vallons. A l’est, se dresse la belle basilique de l’Épine. L’équilibre et la beauté de ce paysage vont, naturellement, imprégner le regard de l’enfant.
Équilibre et beauté du paysage ? Dynamisme du père ? Charles Picot ne part pas dans la vie, sans quelques atouts ! C’est là, en tout cas, que l’enfant apprend tant de choses.
Charles est le cadet d’une famille de six enfants, dont trois garçons et trois filles. Chacun, suivant son âge et ses capacités, doit participer au travail : la maison, la ferme, les champs, le moulin. Bien sûr, il est utile, aussi, d’aller à l’école. A l’âge voulu, Charles est donc inscrit à celle de Saint-Memmie. Mais, comme pour la plupart des enfants du monde rural, le chemin vers l’école, en bas dans le village, ne se fréquente qu’en hiver. Aux beaux jours, il faut aider les parents.
A proximité, quatre ailes familières tournent en grinçant un peu, invitant Charles à pénétrer dans le moulin. Il y a là tant de choses à contempler…
Chaque matériau a une place précise, mais le bois joue un rôle particulier. Autrefois, les meuniers étaient souvent charpentiers. Cela est même presque une nécessité.
La force du vent, qui entraîne les ailes dehors, est, ici, canalisée, domestiquée et multipliée par une série simple, mais efficace, d’engrenages, avec un système régulateur de sécurité. Le montage mécanique rationnel est perfectionné au cours du temps. Charles s’imprègne de mécanique.
Au rythme du mouvement des ailes, tout le bâtiment est animé de vibrations. Il y a de la vie, ici : le grain qui circule, la rotation des meules, les secousses de la bluterie, et enfin la naissance du produit, la farine.
Charles observe, et connaît chaque détail de l’endroit. Comme ce long message inscrit dans la craie, au premier étage. Ce sont des mots que l’enfant ne pourra oublier :
- LA MONTAGNE, LA CONVENTION, LE NEPTUNE, LE JEAN BART, LE TOURVILLE, LE MONTAGNARD, LE PELLETIER, LE TÉMERAIRE…
Navires de guerre, pour lesquels le message rappelle quelques manœuvres, commandées avec des ORDRES PARTICULIERS, SIGNALÉS PAR UNE FLAMME :
- VIRER VENT ARRIÈRE, VIRER VENT DEVANT, FORCER DE VOILE, CHASSER À LA GAUCHE etc.
Le message précise aussi que LE GÉNÉRAL PASSERA À L’AUBE, et évoque LE VAISSEAU ENNEMI DÉSEMPARÉ.
Si éloignée du théâtre maritime, dont il est ici question, cette leçon de lecture ne peut, en tout cas, laisser Charles indifférent ! C’est tout un monde à imaginer…
Or, cette inscription peut faire allusion à un évènement historique, qui eut lieu pendant l’aménagement du moulin : le combat naval du 13 Prairial an II, dont le navire amiral était La Montagne.
L’ouverture de l’esprit et l’imagination sont des apports essentiels pour l’avenir. Mais les années passent. La Révolution fait place à l’Empire et l’armée impériale est dévoreuse d’hommes : un oncle de Charles ne reviendra pas de la Campagne d’Italie. Charles, lui, a presque 15 ans ce 4 février 1814, lorsque des évènements viennent bouleverser la vie familiale. L’armée prussienne, arrêtée aux portes Est de la ville, dévaste tout sur son passage. La famille est partie se réfugier à Châlons, à l’exception du père, que la troupe ennemie ne va pas ménager. Le moulin occupe, en effet, une situation stratégique exceptionnelle. Et c’est dans la maison des Picot, que le prince Frédéric-Guillaume, frère du roi de Prusse, choisit d’établir son bivouac.
L’occupation sera brève, mais elle laissera derrière elle un paysage de ruines. Structure de craie, le moulin des Picot a mieux résisté que ces congénères en bois de Saint-Memmie ; l’ennemi, néanmoins, a dévasté autant qu’il a pu, et les remises en état vont coûter très cher ; sans compter la santé du père, fragilisée par les mauvais traitements.
Quoiqu’il en soit, la vie va reprendre, avec son labeur quotidien. Le grand frère, Étienne, est déjà marié. Jean et Charles, garçons meuniers, sont très proches l’un de l’autre.
Au cours des heures passées dans le moulin, la craie offre sa page blanche : Étienne et Jean y ont inscrit leurs noms et âges. Mais, déjà, Charles marque sa différence : l’année de ses 20 ans, il calligraphie son nom sur une planche, qu’il orne de quelques dessins ; et il cloue son œuvre sur l’une des poutres du moulin.
Charles n’est plus un enfant, et la santé des parents décline : Françoise Vattebault, sa mère, décède au cours de l’été 1826. Et au printemps suivant, le meunier n’a plus ses fils auprès de lui, le moulin est vendu.
Homme d'affaire et inventeur
Jean et Charles, eux, se sont associés pour créer un commerce de bois, qu’ils vont faire prospérer pendant quelques années, avant que Jean ne quitte l’affaire, pour devenir cultivateur. Dorénavant, Charles Picot va travailler seul. Le célibat est une forme de solitude, mais l’homme sait trouver sa place dans son époque, et dans la société.
Le seul commerce du bois n’a qu’un temps. A une époque où l’industrie est en plein essor, galvanisée par des énergies, des machines et des procédés nouveaux, notre « marchand de bois » ressent vite le besoin d’innover. Il s’intéresse, alors, aux travaux d’un concitoyen, Monsieur Roux, chef d’atelier pour la menuiserie et l’ébénisterie, à la prestigieuse École des Arts et Métiers de Châlons. En 1827, celui-ci a mis au point une scierie mécanique perfectionnée. Charles Picot étudie attentivement ce modèle dans les ateliers de l’École, d’abord, puis dans l’atelier de menuiserie qu’il installe l’année suivante, rue Saint-Jacques (actuelle rue Léon Bourgeois).
En 1828, il a en effet acquis la belle maison à pans de bois au n°31 de cette rue, à l’angle de la rue Racine (aujourd’hui rue Picot), vaste bâtisse qui se prolonge jusqu’à la rue Saint-Joseph. La demeure est spacieuse, aussi y installe t-il un locataire, un marchand de vin âgé, qui occupe deux chambres et une cave. Mais ce bail vaudra à Charles sa première action en justice, pour la récupération des impayés, après le décès du vieillard.Charles Picot embauche un ouvrier et en 1831, il présente à la Société Académique de la Marne (SACSAM), la machine créée à partir du modèle de M.Roux. Cette démonstration vaut, à chacun d’eux, une médaille.
Cependant, la machine en question, équipée d’une scie classique, ne travaille pas sans grosses pertes en sciure, déperditions de matières coûteuses, lorsqu’il s’agit d’essences rares utilisées pour les travaux de placage et de marqueterie. Charles Picot imagine, alors, de remédier à cet inconvénient en remplaçant la scie par une lame. Et il conçoit, ainsi, un appareil capable de découper proprement du bois de placage de petites dimensions.
A l’été 1834, il remet à la Préfecture un paquet scellé et cacheté de cire rouge, contenant un mémoire descriptif, et le plan, d’une machine propre à scier le bois de placage des meubles, de l’ébénisterie et de la brosserie, afin d’en obtenir un brevet d’invention.
Il obtient ce dernier au mois d’octobre suivant, pour cinq ans. Celui-ci s’applique, en outre, au traitement de l’écorce pour la tannerie, et à la découpe du bois, de manière à pouvoir en faire….des chapeaux de dame (Rappelons que sa famille maternelle, les Vattebault, travaillaient dans ce domaine).
Devenu « scieur de bois par mécanique », Charles Picot doit alors, en dépit d'une santé défaillante, faire face à un climat d’indifférence ou de rivalité. Néanmoins, muni de ce brevet, il peut, dès l’été suivant, vendre sa machine à un chapelier de Châlons installé à Paris.
Cette vente avec la licence associée, comprend aussi une machine plus importante qui, débitant des feuilles de plus grande dimension, est conçue pour trancher le placage de tabletterie, de lithographie, et de cartonnage. Le brevet de cette dernière n’a été obtenu que quelques jours plus tôt. La négociation est conclue moyennant 16 550fr., dont 2 000fr., pour les deux machines qui, est-il précisé, ne pourront être exploitées qu’à Paris, avec, bien entendu, les réserves d’usage liées au secret de l’invention.
Malheureusement pour lui, Charles Picot ne se sort pas très bien de cette expérience commerciale : l’acheteur a t-il été incapable d’utiliser ces machines, comme le prétendra le vendeur au cours du procès ? Charles Picot a-t-il été suffisamment explicite sur le fonctionnement des machines ? Chacun, en tout cas, accuse l’autre de lui avoir forcé la main.
Pour autant, il y a plus sûrement au cœur de l’affaire, l’impossibilité de travailler les matières les plus recherchées par les ébénistes : les bois noueux à motifs, comme la ronce de noyer ou celle d’acajou. De plus, sa mauvaise santé ne permet pas à l’inventeur d’en démontrer lui-même le bon fonctionnement.
Les machines reviennent à Châlons, tandis que, depuis l’École des Arts, M.Roux prend la défense de son collègue. La Société d’Encouragement pour l’Industrie Nationale ne manque pas, non plus, de lui prodiguer ses encouragements. En 1837, la Société Académique de la Marne l’accueille dans ses rangs. Dès lors, en tant que « mécanicien », il va diversifier son champ de recherches.
Ainsi en mai 1838, M. Picot reprend le chemin de la Préfecture, avec un projet de machine à plier et à auner les étoffes, et une demande de brevet pour dix ans.
L’invention précédente qui, pour le moment, lui laisse un peu d’amertume, est cédée à bas prix pour la durée du brevet restant à courir. Ses nouveaux détenteurs partent l’exploiter dans le Puy-de-Dôme, où ils en auront l’exclusivité. Mais, prudemment cette fois, Charles Picot a demandé une garantie de paiement, sous forme d’hypothèque.
L’inventeur met au point un nouveau perfectionnement, qui permet à sa machine de trancher, en feuille, la loupe de noyer. Ce brevet trouve un acquéreur parisien qui, tirant le meilleur parti de cette amélioration peut faire remarquer ses produits en bois exotique.
A l’occasion de l’exposition nationale des Produits de l’Industrie de Paris, en juin 1839, la Société Académique de la Marne ne lui ménage pas ses éloges :
« Tout, entre les mains de M. Picot, se découpe avec une légèreté singulière et une rare perfection. […] Avec ces feuilles si légères, plus minces et mille fois plus belles que le parchemin, on compose des albums presque aussi légers et presque aussi souples qu’avec du papier. […] M. Picot fait encore, avec des feuilles, des cartes de visite, ou bien il les embellit en les couvrant d’une gravure qui s’y trouve reproduite très fidèlement ».
Parmi les récompenses accordées lors de l’exposition, Charles Picot se voit attribuer une médaille de bronze, pour ébénisterie et travail du bois ; et une autre d’argent, en encouragement pour ses bois de placage.
Dans sa séance du 30 septembre 1841, la Société Académique fait ressortir les avantages d’une nouvelle invention de son sociétaire. Il s’agit, cette fois, d’un perfectionnement apporté aux huileries. Or, dans ce domaine, Charles Picot ne s’exprime pas sans référence.
Il a eu tout loisir de bien observer l’installation traditionnelle de l’huilerie qui équipait sa maison de la rue Saint-Jacques et dont la presse des graines oléagineuses n’était qu’une variante de la meunerie céréalière. Son perfectionnement consiste, d’ailleurs, à rapprocher le système de trituration de ces graines, de celui des céréales, en les conduisant, progressivement, au centre de la meule horizontale. D’où elles s’écartent, au fur et à mesure du travail de la meule verticale, jusqu’aux bords de la meule horizontale. Elles sont alors recueillies et jetées dans un récipient, comme résidus de 1ère pression.
« Cette machine, commente l’orateur de la Société Académique, a pour effet de ne jamais laisser, sous la meule, qu’une faible épaisseur de graines, en séparant sans interruption la partie écrasée de celle qui ne l’est pas. La trituration de la graine se fait toujours d’une manière très égale, d’où une moindre dépense d’énergie, et un travail facilité ».
Le brevet se rapportant à cette nouvelle invention est obtenu le 7 novembre 1841.
Mais le premier brevet de Charles Picot qui se rapporte au tranchage du bois pour l’ébénisterie et la brosserie, a été prolongé de cinq ans et a encore fait l’objet, l’été précédent, d’un nouveau contrat avec deux Rémois.
L’exercice se conclut dans de bonnes conditions : leur acquisition réglée, les acheteurs créent, ensemble, une société pour fabrication et commerce de bois de placage, jusqu’à l’expiration du brevet, en 1850. Et, dans l’immédiat au moins, la société est installée dans la maison de Monsieur Picot. Trois établissements à Paris, dans le Puy-de-Dôme et à Châlons utilisent le brevet Picot à cette époque.
Le 15 mars 1841, Charles Picot acquiert une maison au 34 de la rue Grande Étape auparavant occupée par les sœurs de la Charité de la paroisse Notre-Dame. En 1845, il revend celle de la rue Saint-Jacques, à un marchand de vins en gros du quartier.
Génie de l'invention et passion de la collection
En 1846, Charles Picot qui s’est intégré à la bourgeoisie châlonnaise, est recensé comme rentier. Le 28 février 1848, on trouve sa signature parmi celles de trente-huit notables de la ville, sur un billet d’adhésion à la République. Proclamée la veille à Paris, elle le sera le lendemain à Châlons.
Disposant maintenant de moyens financiers, M. Picot s’installe confortablement dans sa nouvelle résidence. Il fréquente assidûment les ventes publiques pour y trouver de quoi parer son intérieur. Il peut alors laisser libre cours à son inclination pour les objets beaux ou étranges, à une époque où se développent le goût de l’esthétique, l’intérêt pour les découvertes et l’Histoire.
Son sens artistique et ses talents contribuent grandement à l’enrichissement d’une collection, bien à son image. Charles Picot achète l’«ancien» à faible prix, le remet en état, et le transforme aussi. On le voit s'approvisionner en matériaux de toute sorte, bruts ou façonnés pour pratiquer ses interventions. On est, alors, beaucoup moins sourcilleux sur l’authenticité qu’aujourd’hui.
Le 34 de la rue Grande Étape se métamorphose en un « cabinet de curiosités ». On y trouve un mobilier recherché, des tableaux, des sculptures, des ivoires et des porcelaines, des armes et des objets marqués du sceau de l’Histoire. Avec, aussi, quelques éléments plus exotiques et cocasses : une interminable peau de serpent, une mâchoire de crocodile et des cornes géantes d’aurochs. Dès lors, Charles Picot imagine un destin public pour cette collection qu’il ne cessera d’enrichir : afin d’en éviter la dispersion et soucieux de sa conservation, il imagine qu'un musée pourra prendre le relais. Un premier testament en faveur de la ville de Châlons, est ainsi rédigé dès 1852.
La Société Académique a accueilli cet autodidacte en son sein pour son génie fécond, l'apport exceptionnel d’un esprit intelligent et imaginatif.
En 1854, les Assises Scientifiques de la Marne analysent le mémoire qu’il a présenté sur les travaux de restauration de Notre-Dame en Vaux, sa paroisse.
En 1850, il invente une machine servant à secouer les vins bruts, dont les vins de Champagne. Il est vrai qu’il a déjà envoyé à l’exposition industrielle nationale de 1844, un mécanisme pour emplir et boucher les bouteilles d’eau gazeuse et de vin de Champagne.
En 1858, il demande un brevet pour une machine à moissonner.
Il sera également l’inventeur d’un échafaudage mobile, pour la pose des lignes télégraphiques, et d'un système de ressorts à spirales pour éviter la rupture des fils télégraphiques occasionnée par les fortes variations de températures. On peut évoquer, à ce sujet, le souvenir du télégraphe optique gravé, dès l’origine, sur la paroi du moulin familial. Il s’agissait du tout premier système Chappe, mis au point en 1793, pour la communication rapide de messages militaires. Et c’est sans doute cela que voulait rappeler un contemporain qui, en 1860, écrivait : « La télégraphie aérienne avait occupé l’esprit de M. Picot : le télégraphe électrique le supplante ».
Les machines de Charles Picot pour trancher et dérouler les bois, sont présentées, à la première Exposition Universelle organisée au Crystal Palace à Londres en mai 1851. Lors de l’Exposition suivante, en 1855 à Paris, il expose ses ressorts à spirale.
Le 6 mai 1861 au Jard, s’ouvre la grande exposition industrielle de Châlons. Dans la galerie des exposants, M. Picot présente les modèles réduits de ses inventions, et des échantillons, ainsi que sa dernière réalisation, la machine à moissonner utilisée chez M. Jacquesson.
Mais Charles Picot, en cette ultime année d’existence, se prépare à un autre destin. Toujours passionné par ses belles et considérables collections, et sans descendance, il complète son testament qui énumère, objet après objet, meuble après meuble, tableau après tableau, tout ce qu’il a passionnément rassemblé et mis en valeur, dans sa maison. Le tout est offert à sa ville natale, et à une société qui l’a reconnu.
En contre partie, la ville de Châlons bénéficiaire de ce legs, a l’obligation d’ouvrir une salle, où sera présenté au public, dans toute sa variété, cet ensemble « d’objets d’art, et de curiosités ». S’ajoutent à cet ensemble quelques témoins des créations mécaniques, exposés au mois de mai précédent.
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On ne peut, à cette occasion, manquer de noter la condescendance avec laquelle des maisons parisiennes ont considéré ce legs. En 1863, Le Cabinet de l’Amateur note ainsi :
« Un laborieux citoyen, M. Charles Picot, qui était sorti d’une pauvre famille de meuniers des environs de Châlons-sur-Marne, pour arriver à prendre une place honorable parmi les mécaniciens et les inventeurs, vient de léguer à cette ville sa collection d’objets d’art et de curiosités ‘pour établir un commencement de musée’ ; tels sont les termes de la donation ».
Sans s’arrêter à ce jugement, peut-être justifié par une présentation traditionnelle un peu terne, on ne peut que souligner le renouveau d’intérêt, aujourd’hui porté à ce patrimoine. Une grande partie des pièces de cette collection est visible en permanence dans les différentes salles du Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie de Châlons-en-Champagne. Et, surtout, à l’occasion d’expositions thématiques particulières, le patrimoine légué par Charles Picot vient côtoyer, de manière très honorable, les objets précieux prêtés par des musées aussi réputés que le Louvre.
Décédé le 18 novembre 1861, Charles Picot recevra de sa ville l’hommage d’un monument funéraire commémorant sa principale invention : la machine à trancher le bois de placage.
Le testament du défunt attribue, en outre, une somme de 5 000 fr. à la Société Académique de la Marne, « à placer en rente de l'Etat », afin de récompenser « à perpétuité, les artistes qui auront inventé des machines utiles » : un état d’esprit à transmettre, donc, celui de considérer une machine comme une œuvre d’art.
Charles laisse ainsi deux héritages : celui de l’esthète et celui du technicien. Deux facettes de son tempérament, indissociables, qui le situent bien dans son époque, un XIXe siècle où le progrès des arts et des techniques fut essentiel. Par son appellation ambivalente, l’École des ‘Arts’ et ‘Métiers’, qui, avec M.Roux, soutint les difficiles débuts de l’inventeur, en témoigne également.
La vie de l’homme, en tout cas, aura manifestement été construite avec tout ce qui a imprégné son enfance : l’intérêt porté à la mécanique, l’amour du bois, la passion du travail exact et beau, enrichi par une imagination toujours renouvelée, une curiosité en éveil et le besoin d’un environnement harmonieux. Dans ces conditions, on comprend mieux la nostalgie latente pour ce paysage de l’enfance, là-haut, auprès du moulin.
Marie-Céline Damagnez Chercheur,
administratrice de la Société des Amis des Musées de Châlons-en-Champagne
Portrait Charles Picot
Robert-Louis ANTRAL Robert Louis Antral naît le 13 juillet 1895 au 1 rue Eustache de Conflans à Châlons-sur-Marne, de Marie Ménonville (1865-1899) et de Jean Antral (1862-1941), employé de banque.
On ne sait rien de ses origines paternelles. Enfant naturel abandonné sous le porche de l'église de Passy, son père est recueilli et élevé par les frères de Saint-Jean de Latran qui lui donnent comme prénom celui de leur saint patron, et pour nom forme anagrammique de Latran. Robert Antral a à peine quatre ans lorsqu'il perd sa mère. L'enfant est alors élevé par une tante et fréquente l'école maternelle de la rue des Cordeliers à Châlons. Il rejoint ensuite son père à Paris.
Inscrit successivement au collège de Meaux, au lycée de Passy et enfin à Jeanson de Sailly, il obtient facilement son baccalauréat. Après un court passage à l'école des Arts décoratifs, il fréquente les ateliers de Bourdelle et de Luce, et les milieux cubistes. À dix-huit ans, il entre à l'École nationale des Beaux-arts de Paris dans l'atelier de Fernand Cormon.
En 1913, il s'embarque sur un langoustier pêchant le long des côtes mauritaniennes. Ce voyage constitue une expérience initiatique déterminante qui fait naître en lui une véritable passion de la mer, des navires et des ports.
Une vie brève mais extraordinairement féconde…Mobilisé dès 1914, Robert Antral participe aux combats pendant presque toute la durée de la "Grande Guerre". En 1918, il est blessé au Chemin des Dames, son courage au front lui vaut la Croix de guerre avec citation à l'ordre de l'armée.Le 8 avril 1920, il épouse Madeleine Kiehl à Bagnolet. Le couple élit domicile 14 rue Thibouméry dans le XVe arrondissement de Paris. C'est dans ce quartier de Vaugirard que l'artiste installe un atelier qui ressemble à la cale d’un navire.
Parallèlement à sa carrière de peintre et d'aquarelliste, il développe une importante activité de graveur. Il mène une vie de labeur, créant avec frénésie, multipliant les voyages et les expositions.1926 est pour lui une année décisive : l'attribution du prix de la Fondation américaine Florence Blumenthal pour la peinture lui offre la consécration et il obtient la même année la Légion d'honneur. Ses œuvres entrent très tôt dans les collections publiques et privées les plus prestigieuses.
Artiste indépendant mais pas solitaire, Robert Antral mène une vie publique et sociale importante. Idéaliste et profondément humaniste, il milite en faveur de la liberté d'expression et pour une société plus juste.Il meurt à l'hôpital Necker le 7 juin 1939, à l'âge de quarante-trois ans au sommet de sa carrière. Il est inhumé civilement au cimetière de Thiais sur la route d'Orly.Un peintre néo-réalisteAprès l'extraordinaire inventivité picturale et les audaces qui caractérisent les deux premières décades du XXesiècle avec l'irruption du fauvisme et du cubisme, les années de l'après-guerre sont marquées par une volonté de retour à l'ordre et aux valeurs éprouvées de l'art.Robert Antral se rattache au groupe néo-réaliste de l'entre-deux-guerres. Sa peinture se caractérise par une volonté de fidélité à la nature dans la tradition réaliste du XIXesiècle. Il est attaché aux thèmes de la vie quotidienne dans sa banalité et refuse l'exotisme. Il s'oppose au conservatisme rétrograde des peintres académiques et à l'expression du pathétisme.Loin d'être littérale, la réalité qu'il peint laisse une très large place à la subjectivité de l'artiste.S'il estime que tout sujet quel qu'il soit peut être traité en peinture, Robert Antral a ses thèmes de prédilection qui sont les paysages, souvent maritimes, l'océan, les navires, les ports et leurs cafés, les docks et les quais, parfois citadins, les quartiers industriels et populaires, les faubourgs, et les sujets marqués d'une veine socialeUn subtil mélange d'émotion et de poésieUn style très personnel caractérise les œuvres de Robert Antral, dont la signature est immédiatement reconnaissable. L'originalité de son art tient à sa très forte expressivité, à la justesse de son trait et au choix d'une palette sobre et délicate. Sa sensibilité aigue lui permet de saisir les rapports de tons les plus justes. A la couleur, il préfère la nuance, avec une palette beaucoup plus réduite et sourde qui le distingue des tons purs chers au fauvisme. Il se démarque également des œuvres des cubistes, jugées trop hermétiques, et qui, selon lui s'attaquent aux valeurs humanistes.Mais le refus de ces innovations ne l'empêche pourtant pas d'utiliser des techniques issues des recherches de Cézanne et demanifester un goût prononcé pour la géométrie et la recherche des volumes.Par une secrète alchimie, Robert Antral parvient ainsi à créer un univers qui lui est propre. Ses tableaux dégagent un subtil mélange d'émotion et de poésie, expression de toute la richesse intérieure d'un homme hors du commun..
Portrait Robert-Louis Antral
Les Varin une dynastie de graveursXVIIIe, XIXe, XXe siècles
Joseph Varin, fils de Jean-Baptiste Châlons-sur-Marne, 11 mai 1740 - Paris, 15 brumaire an IX (7 novembre 1800)
Charles-Nicolas Varin frère de Joseph Châlons-sur-Marne, 29 juillet 1741 - 21 février 1812
Joseph Varin, fils de Charles-Nicolas Châlons-sur-Marne, 8 frimaire an V (28 novembre 1796) - 5 juin 1843
Claire-Eléonore
Pierre-Amédée, Pierre-Adolphe et Eugène-Napoléon
Alfred Delaunay, gendre d'Amédée, Gouville (Manche), 13 juillet 1830 - Nanteuil-sur-Marne, 2 octobre 1894
Raoul Varin, fils d'Eugène Reims, 5 juin 1865 - Grouttes-sur-Marne, 5 septembre 1943
L'oeuvre des Varin est aujourd'hui méconnu. Seul, un petit cercle d'amateurs et de chercheurs assure la sauvegarde d'estampes témoignant d'un métier et d'une maitrise de la technique exigés par une activité artistique souvent ingrate: la gravure.
Et pourtant, du XVIIIe au XXe siècle, cette famille compta neuf graveurs, exerçant principalement à Paris, reconnus par leurs contemporains comme des artistes dans leur profession.
Originaire de Châlons-sur-Marne, la famille Varin est dés le XVIe siècle attachée aux métiers du métal. Du XVIe au XVIIIe siècle elle donne à sa ville une lignée de potiers d'étain.
Fils d'un marchand pelletier, Girardin Varin (v. 1545 - ap. 1628) est potier d'étain. Son fils, Nicolas (7 septembre 1587 - 6 avril 1656), est maître potier d'étain, fournisseur de l'évêque de Ch-alons. Puis, de père en fils, Nicolas (? - 2 août 1663), Pierre (24 juillet 1656 - 25 septembre 1720) et Joseph (19 mars 1682 - 1 juillet 1751) embrassent ce métier ancestral.
Jean-Baptiste - 9 mai 1714 - 17 prairial an III ( 5 juin 1795) - fils de Joseph, est marchand potier d'étain et graveur sur métaux. Passionné par l'étude des lettres et des beaux-arts, il ouvre en 1755 une école gratuite de dessin dans laquelle il enseigne la figure, la géométrie, l'architecture, la perspective et la fortification.
Ses deux fils, Joseph et Charles-Nicolas, et les descendants de ce dernier, étudièrent le dessin en général et la gravure en particulier. Ils sont l'objet de cette étude.
Sitôt arrivés à Reims, les deux frères restituent les quatre planches de la cathédrale de Reims exécutées vers 1720 par les deux frères Gentillâtre, Jacques et Léonard, architectes rémois. Pour attirer l'attention du public et trouver des protecteurs, ils dédicacent les planches au cardinal de la Roche-Aymon, archevêque de Reims, à Monseigneur de Talleyrand-Périgord, son coadjuteur, au chapitre et au Conseil de ville. Cette initiative renforce leur renommée et leur procure de nombreux éloges ainsi qu'une récompense de 144 livres de la pArts du Conseil de ville.
En 1772, leur commande honorée, les deux frères quittent Reims et viennent à Châlons graver les planches destinées au Dictionnaire pour l'intelligence des auteurs classiques… de M. Sabbathier, professeur au collège de la ville. Puis, en 1774, ils regagnent Paris.
Ils collaborent souvent ensemble, en particulier pour de grande planches d'architecture qu'ils signent Varin frères ou Varin fratres : la façade de l'ancien hôtel de ville de Châlons, le palais des Etats de la province de Bourgogne à Dijon, la place Louis XVI à Bordeaux, l'église Saint-Eloi à Dunkerque, le palais de justice de Paris, le Palais-Royal, l'église de Chaux, le palais des juridictions et les prisons royales de Caen, etc. Ils collaborent aussi avec d'autres graveurs, tels Delaunay, Saint-Aubin, Tilliard, Avril, Masquelier, etc.
Jean VARIN
Les VARIN une dynastie de graveurs - Editions des Amis des Musées de Châlons-sur-Marne
Pierre-Adolphe VARIN
Châlons-sur-Marne, musée municipal, 16 mai - 5 octobre 1987
Chouette de l'oural
Manucode royale
Gorfou
Toucan
Martin pêcheur
Petit singe
Grébe huppé
Pigeon colombin
Le Grèbe huppé
(Podiceps cristatus) est une espèce d'oiseau aquatique de la famille des Podicipédidés. C'est le plus grand de tous les grèbes. Sa parade nuptiale est connue pour sa complexité.
En Europe, on le trouve partout sauf dans le nord de la Scandinavie. Ceux vivant dans l'est ou au nord de l'Europe migrent vers l'ouest ou le sud. Il vit aussi enAustralie, en Nouvelle-Zélande, et en Afrique équatoriale, de l'est et du sud. Il n'est qu'occasionnel en Afrique de l'Ouest.
Il se reproduit également en Turquie et hiverne sur place, dans l'est de la Méditerranée et en Égypte sur les lacs du delta du Nil et sur le Lac Karoun
son habitatLe Grèbe huppé fréquente, l'été, les lacs, les étangs, les marais, les réservoirs artificiels, les ports et plus rarement les rivières paisibles. Il préfère les eaux peu profondes entourées d'une frange de végétation palustre.
L'hiver, les migrateurs se trouvent sur les lagunes et les eaux salées calmes, dans les estuaires, les baies et lesgolfes abrités mais aussi en mer à proximité des côtes. Il y a parfois des rassemblements regroupant des milliers d'oiseaux, par exemple sur l'IJsselmeer (Pays-Bas), sur les lacs suisses (notamment le lac de Neuchâtel) et sur la Mer Noire8. Certains de ces oiseaux ont été observés dans des sites fréquentés, comme des parcs urbains ou des ports de plaisance.
Squelette oiseaux
Toucan
est le nom vernaculaire de 12 espèces (soit en tout, 23 taxons) d'oiseaux de l'ordre des Piciformes et de la famille des Ramphastidés, proches des araçaris et des toucanets qui, dans le langage courant, sont aussi appelés « toucans ».
Son long bec très léger et vascularisé lui permet de réguler sa température.
Le nom français semble être directement emprunté (1557) au tupi « tucana » qui signifierait « bec osseux »1.
Dans son grand bec, sa longue langue lui permet d'attraper et de manger des insectes, des fruits et des graines.
Pendant la période des amours, le toucan attire les femelles en faisant une parade très bruyante. À la naissance les oisillons sont aveugles et n'ont pas de plumage. La ponte comprend en général 2 à 4 œufs que les deux adultes couvent à tour de rôle. Ils sont nourris de fruits et d'insectes. Le plumage apparait au bout d'un mois. Le départ du nid s'effectue entre 47 et 49 jours.
Le toucan régule sa température grâce à son bec. Glenn Tattersall, de la Brock University (Canada), a trouvé un rôle à cet appendice qui représente près de la moitié de la surface corporelle de ces oiseaux. En les filmant en infrarouge, dès que la température dépasse 16 °C, le bec du toucan s'échauffe jusqu'à une dizaine de degrés supplémentaire. Dans cet organe richement vascularisé, c'est le sang qui joue le rôle de liquide de refroidissement. Les vaisseaux, contractés pour éviter la déperdition de chaleur lorsqu'il fait froid, sont dilatés et irradient de la chaleur vers l'extérieur quand la température ambiante augmente. Le phénomène est similaire à celui qui se produit dans les oreilles de l'éléphant, à la différence que la « climatisation » du toucan est quatre fois plus efficace que celle du pachyderme.
Les oiseaux de paradis
sont membres de la famille Paradisaeidae des commandes Passeriformes . Ils se trouvent dans l'est de l'Indonésie , îles du détroit de Torres , la Papouasie-Nouvelle-Guinée , et de l'Est Australie . Les membres de cette famille sont peut-être les plus connus pour le plumage des mâles de la plupart des espèces, en particulier des plumes très allongées et complexes s'étendant du bec, les ailes ou la tête. Oiseaux de plage de paradis dans la taille du Roi Bird of Paradise à 50 grammes et 15 cm à la faucille noir à 110 cm et la Manucode de Curl à aigrettes à 430 grammes .
Les plus connus sont les membres du genre Paradisaea , y compris les espèces de type , le Grand Oiseau du paradis , Paradisaea apoda . Cette espèce a été décrite à partir de spécimens ramenés vers l'Europe à partir des expéditions de traite. Ces échantillons ont été préparés par les commerçants indigènes, en enlevant leurs ailes et les pieds afin qu'ils puissent être utilisés comme décorations. Ce n'était pas connue des explorateurs et conduit à la croyance que les oiseaux ne débarquées mais ont été maintenus en permanence en haut par leurs plumes. C'est l'origine des deux le nom de "oiseaux de paradis" et le nom spécifique apoda - sans pieds.
Le Pigeon colombin
(Columba oenas) est une espèce d'oiseau paneuropéen (jusqu'en Asie occidentale) essentiellement présent en Europe (et surtout au Royaume-Uni qui en abrite 1/3 des populations européennes), qui est en forte régression dans certains pays, semble-t-il parce que son habitat l'est aussi, ainsi que certaines de ses sources de nourriture dans les zones d'agriculture intensive.
Il apprécie les creux des vieux arbres, pour nicher. Le recul du bocage, l'exploitation intensive des forêts lui sont défavorables. Il est par ailleurs chassable en France.
Il est surtout présent dans les forêts anciennes lorsqu'on y a laissé les arbres morts et creux ou des arbres sénescents dont le tronc ou certaines grosses branches sont cariés. Il peut parfois aussi nicher dans les carrières, sur les falaises, dans les rochers, voire dans un terrier de lapin.
Une expérience consistant à poser des nichoirs, dans certaines forêts françaises, pourrait freiner sa régression.
Milieux forestiers riches en vieux arbres et espaces ouverts à végétation basse.
Milieux de substitution : vieux parcs, bocage, vieilles haies vives, vieux vergers, allées boisées et parfois en ville (Paris, Dijon ou Lyon abritent des colombins nicheurs), toujours en dessous de 1500 m d'altitude.
Non menacé en Europe, il est en forte régression en France depuis 30 ans au moins3, où il est "à surveiller", semble-t-il parce que son habitat l'est aussi, et en raison de la chasse ; plus de 50 000 pigeons colombins seraient tués par les chasseurs annuellement en France, rien que dans le sud-ouest (pour un effectif nicheur estimé à 1000 à 10 000 couples pour toute la France, par Yeatman en 1976)4. Il est en fort déclin dans ce pays (- 57 % en 1976) bien que considéré comme non menacé au niveau européen (où il est néanmoins classé en annexe 2 de la Directive oiseaux et en annexe III de la Convention de Berne5) et alors que le nombre d'hivernants serait de 100 000 à 200 000 colombins en France6.
Les nicheurs semblent avoir disparu du Sud-Ouest du pays. Et moins de 10 % de l'effectif nicheur européen y est représenté, alors que plus de 10 % des hivernants y sont présents4.
Une expérience consistant à poser des nichoirs, dans certaines forêts a pour objet d'y freiner sa régression, mais il ne bénéficie pas en France de mesure de protection ni de moratoire pour la chasse.
Ses effectifs sont pourtant encore importants et en augmentation au Royaume-Uni et aux Pays-Bas, et ils sont importants et stables en Russie, Allemagne, Espagne, Bélarus et Roumanie. Les effectifs se sont légèrement reconstitués en Belgique, au Danemark et en Irlande. En Espagne les populations migratrices sont en déclin bien plus net que les populations sédentaires
Description morphologique
C’est la seule espèce de capucin dont la fourrure est noire sur le corps, les jambes et la queue. La coloration noire s’étend jusqu’à l’arrière de la tête en formant une calotte, certainement à l’origine de son nom vernaculaire « capucin moine ». Son pelage se distingue également par une coloration blanche de la tête, la gorge, les épaules et le haut des bras. Le visage est généralement rose et la quantité de fourrure blanche qui le recouvre est variable selon les classes d’âge et de sexe. La longueur corporelle d’un individu adulte se situe entre 33.5 à 45,3 cmet sa queue mesure entre 35.0 et 55,1 cm8. Le dimorphisme sexuel est peu prononcé. Les femelles pèsent en moyenne 2,67 kg alors que les mâles atteignent un poids moyen de 3,87 kg9. Le capucin moine se déplace sur ses quatre pattes et présente une bipédie occasionnelle10. Sa main est préhensile et son pouce pseudo opposable11.
Traits d’histoire de vie
LongévitéLe record actuel de longévité en captivité pour un capucin est détenu par un capucin moine de presque 55 années12. Cependant, la durée de vie moyenne pour un capucin maintenu en captivité dans de bonnes conditions est de 10 ans
Les données de longévité sur les capucins vivant en milieu naturel sont rares ou inexistantes mais les auteurs s’accordent à affirmer (à l’instar de nombreuses espèces de vertébrés) que la durée de vie dans ces conditions est inférieure à celle observée en captivité13.
Caractéristiques reproductives individuellesLe statut reproducteur des femelles capucin moine n’est pas visible dans le sens où il n’existe pas de changement de couleur ou de morphologie au moment de l’oestrus. Les comportements proceptifs sont également rares chez cette espèce14 ont cependant observé des échanges de regards et des inclinaisons de la tête réciproques ainsi que d’autres comportements tels que les « sniffing urine » ou encore les « duck face », les « pirouettes » et les « looking between legs » juste avant les montes. Les montes sexuelles sont peu révélatrices de la hiérarchie des mâles puisque dans cette espèce, tous les mâles semblent avoir accès aux femelles. Il n’y a pas de consort apparent bien que le mâle alpha soit le père de la majorité des jeunes. La gestation dure entre 157 et 167 jours10. Les femelles donnent naissance pour la première fois vers l’âge de 7 ans et l’intervalle moyen entre deux naissances est de 26,4 mois15. Les mâles deviennent potentiellement reproducteurs vers l’âge de 6 ans bien que de nombreux auteurs considèrent la maturité sexuelle à plus de 7 ans chez cette espèce. De plus Jack et Fedigan16,17 soulignent que 10 années peuvent être nécessaires pour que les mâles atteignent leur maturité physique. Il n’existe aucune donnée sur la sénescence de la fécondité des capucins.
NatalitéIl n’existe pas de saisonnalité des naissances chez le capucin moine mais, il existe cependant un pic de natalité pendant la saison sèche (Fedigan et al. 1996 ; Mitchell 1989 ; Oppenheimer 1968).
Socio-écologie du capucin moine
Habitat et distribution géographiqueLe capucin moine occupe pratiquement tous les types de forêt néotropicale. On le trouve dans les forêts tropicales humides et sèches, les forêts inondées, les forêts de mangrove, les forêts-galeries, ainsi que dans les forêts sèches à feuilles caduques où les averses sont absentes 5 à 6 mois de l’année10. La répartition de Cebus capucinus est étagée du niveau de la mer jusqu’à 2 100 mètres d’altitude (Wolfheim 1983). Sa distribution géographique s’étend de l’extrême nord-ouest de l’Équateur jusqu’au Honduras, en passant par l’ouest de la Colombie, Panama, le Costa Rica ainsi que le Nicaragua. Il existe également certaines populations sur l’île de Gorgona (Cebus capucinus curtus) située au large de la côte Pacifique de la Colombie et sur les îles de Coiba et de Jicaron (Cebus capucinus imitator) au large de Panama (Hernandez-Camacho & Cooper 1976 ; Marineros & Gallegos 1998 ; Reid 1997 ; Rodriguez-Luna et al.1996).
Utilisation de l’espaceExploitation des domaines vitauxUn groupe de capucins moines occupe un domaine vital d’1 km2 environ (Buckley 1983 ; Chapman 1987 ; Mitchell 1989 ; Oppenheimer 1968 ; Rose 1998). Rose (1998) a décrit que des groupes plus importants, avec un plus grand nombre de mâles adultes, occupent des territoires plus vastes que des groupes de plus petite taille. Oppenheimer (1968) qualifie les capucins moines de « territoriaux », en accord avec les observations de Buckley (1983) alors que Mitchell (1989) les considère comme étant plus xénophobiques que territoriaux dans le sens où ils interagissent de manière agressive quel que soit le lieu et le moment de la rencontre avec d’autres groupes plutôt que de défendre activement leur territoire. L’espèce Cebus capucinusoccupe son domaine vital de manière relativement homogène. Les groupes se déplacent d’un site de nourriture (arbre) à un autre sans se focaliser sur un arbre particulier et ne restent jamais très longtemps au même endroit. Cependant, pendant la saison sèche, ils sont plus fréquemment observés fourrageant près des points d’eau qui deviennent un facteur déterminant l’occupation de leur domaine vital (Fedigan et al. 1996). Dès que les pluies reviennent, ils agrandissent très rapidement leur domaine vital et accroissent la longueur de leurs déplacements et.
Distribution spatiale des individus au niveau du groupeLa position d’un individu au sein de son groupe social peut influencer son succès de fourragement aussi bien que sa vulnérabilité aux prédateurs. La meilleure position pour le fourragement est l’avant du groupe alors que la position la plus sûre pour échapper à la prédation est le centre du groupe. Hall et Fedigan (1997) ont montré qu’en accord avec ces contraintes, les individus dominants se positionnent la plupart du temps à l’avant-centre du groupe, les enfants et les juvéniles sont plus au centre du groupe alors que les subordonnés se trouvent souvent à la périphérie du groupe. D’autres part, les individus semblent adapter leur dispersion en fonction de la taille et de la qualité du site exploité. Les capucins moines ont en effet tendance à fourrager seuls dans les petits arbres mais se répartissent en sous-groupes dans des arbres de taille moyenne et ne forment plus qu’un groupe dans des arbres de grande taille (Phillips 1995).
Cartes mentales et mémoire spatialeLes capucins moines sont capables de cartographier mentalement l’emplacement de leurs sources de nourriture ainsi que le moment des disponibilités de ces ressources (King 1986). Garber et Paciulli (1997) ont mis en évidence qu’ils se servent plus de leur perception spatiale (carte mentale) que de la perception visuelle ou olfactive directe pour rechercher de la nourriture. Cependant, ils peuvent associer certains indices visuels à des ressources et semblent discriminer différentes quantités de nourriture. De plus, ils possèdent des capacités d’apprentissage rapides et très flexibles. Ces auteurs ont ainsi montré que le capucin moine, à l’instar d’autres espèces de primates et particulièrement des grands singes, utilisent majoritairement des informations spatiales globales dans le contexte de recherche alimentaire.
Utilisation du tempsLes capucins sont actifs tout au long de la journée. Au réveil, les mâles émettent de puissantes vocalisations appelées ‘gargles’ (Petit, Communication personnelle) ainsi que des cris de contact. Une fois tous les individus réveillés, le groupe commence à se déplacer à la recherche d’un arbre fruitier où ils prendront leur premier repas de la journée. Ils visitent ainsi un ou plusieurs arbres entre 5 heures et 9 heures du matin. Vers le milieu de la matinée, les capucins commencent à ralentir la cadence de leurs déplacements entre les arbres fruitiers pour commencer à rechercher les insectes. Jusqu’à la fin de la matinée, ils alternent ce fourragement avec de courtes périodes de repos et pendant la saison sèche, ils se rendent également à un point d’eau pour boire. Puis les jeunes passent un peu de temps à jouer alors que les adultes se toilettent. Le reste de la journée sera consacré de nouveau à la recherche de fruits et aux déplacements entre les différents sites. La nuit tombe assez tôt dans la forêt tropicale et le groupe commence souvent à se déplacer vers un site de repos pour la nuit entre 5 heures et 6 heures de l’après-midi. Les sites de sommeil les plus fréquemment choisis sont de grands arbres possédant de nombreuses branches horizontales et situés près d’un arbre fruitier. Les capucins moines passent la nuit à dormir en contact d’un ou deux congénères13. Globalement, ils occupent en moyenne 66 % de leur journée à s’alimenter, 10 % à se déplacer et le reste du temps est consacré aux activités sociales ou au repos (Freese 1978).
Régime alimentaireLe capucin moine, par son régime alimentaire très opportuniste est considéré comme omnivore. Il se distingue en effet par la plus grande variabilité alimentaire des singes du Nouveau Monde (Rose 1994a). Cependant, il se nourrit principalement de fruits (65 %) et de feuilles (15 %). Le reste de son régime alimentaire est largement composé d’insectes ainsi que d’autres invertébrés tels que les araignées, les crabes ou encore les huîtres mais également de petits vertébrés (lézards, oiseaux, jeunes écureuils et coatis) ou encore d’œufs, de graines, noix, écorces, bourgeons, gommes et fleurs.
Flexibilité du régime alimentaireIl existe cependant des différences de régime alimentaire entre les groupes : Chapman et Fedigan (1990) ont décrit des groupes voisins de C. capucinus qui se distinguent par leur alimentation majoritaire avec 83 % de fruits pour un groupe alors qu’un autre groupe était principalement faunivore avec 50 % de proies de type insectes ou vertébrés. Ces résultats suggèrent une origine culturelle de ces différences. Cependant, il existe également des différences au sein même des groupes (Rose 1994a, 1994b, 1998), principalement entre les mâles et les femelles, non pas au niveau de la ressource majoritaire qui reste le fruit mais dans le fait que les femelles fourragent plus que les mâles et les mâles consomment plus de proies animales que les femelles. Rose (1994a) suggère que la différence de taille entre les deux sexes – les mâles sont environ 30 % plus grands que les femelles – serait la meilleure explication de ces différences dans le régime alimentaire des deux sexes.
Manipulations dans le contexte alimentaire
Grâce à leur grande dextérité manuelle (Meunier & Vauclair, 2007) et à des techniques d’exploitation des ressources sophistiquées, ils accèdent à certains fruits et à certaines graines, que de nombreuses autres espèces ne parviennent pas à atteindre. Ils utilisent simultanément leurs mains et leurs dents pour tirer, mordre ou casser un item de nourriture potentiel. Les capucins frappent souvent des objets contenant de la nourriture, tels que les escargots, les noix ou d’autres fruits et graines bien protégés, contre un substrat rigide pour les casser et les ouvrir. Ce type de comportement est dit « combinatoire » puisqu’il requiert la combinaison de l’objet avec le substrat. Une fois l’objet ouvert, les capucins sont très agiles et présentent des gestes très contrôlés pour en extraire la nourriture. La manipulation et l’utilisation d’objet sont donc fréquentes chez cette espèce bien que le temps consacré à ces activités reste faible (< 1 %). Cependant l’utilisation d’outil en milieu naturel est très rarement décrite dans la littérature (Chevalier-Skolnikoff 1990 ; Garber & Brown 2004 ; Panger 1998 ; Tomblin & Cranford 1994).
Le Gorfou sauteur (Eudyptes chrysocome)
est une espèce de Spheniscidae et comme les autres gorfous, il se distingue des manchots par une touffe de plumes noires de chaque côté de sa tête appelée aigrette.
Cet oiseau ne présente pas de dimorphisme sexuel à l'exception du bec rouge brun un peu plus fort chez le mâle.
L'œil est rouge orangé. Les adultes possèdent des sourcils jaunes, qui se finissent en long panache de plumes projetés de chaque côté de la tête noire et massive. Leur plumage est noir sur le dos et blanc sur le ventre. Ils pèsent entre 2 kg et 4,3 kg, pour une taille de 45 à 60 cm et peuvent vivre jusqu'à 30 ans (durée observée en captivité).
Les juvéniles sont plus petits et possèdent des sourcils plus petits et d'un jaune moins vif.
Les poussins sont recouverts d'un épais duvet gris-brun sur la tête et le dos, tandis que leur ventre est blanc.
Le Gorfou sauteur est un pêcheur qui mange surtout des crustacés et des petits poissons. Il peut atteindre en plongée une profondeur d'environ 100 m. Il revient sur terre seulement à deux occasions : lorsqu'il mue, en avril, et pour se reproduire.
La reproduction se fait d'octobre à avril. Le nid est constitué d'un petit trou entouré de cailloux et de plumes. Le nid est fortement protégé par les parents qui ne laissent personne s'approcher. La femelle pond deux œufs dont un qui n'est pas viable. Les parents s'occupent tour à tour de l'œuf et ensuite du poussin. L'incubation dure entre 30 et 35 jours. Pour nourrir le jeune, les adultes avalent les proies mais les recouvrent de mucus pour les empêcher d'être digérées. La nourriture peut ainsi être régurgitée au jeune. Il semblerait que le gorfou sauteur s'occupe de son petit ainsi pendant une trentaine de jours après l'éclosion. Ensuite le petit est convié à une crèche, c'est-à-dire un regroupement de poussins. Les poussins restent ainsi plus protégés pendant que les parents partent en mer chercher de la nourriture. Âgé de 50 à 60 jours, le jeune, devenu grand, peut alors partir en mer et se nourrir par lui-même.
Le Martin-pêcheur d'Europe
(Alcedo atthis) est une espèce d'oiseau, espèce type de la famille des Alcedinidae. Cet oiseau est un bon indicateur naturel de la qualité d'un milieu aquatique.
Ses principales caractéristiques sont :
une livrée brillante et très colorée (bleue sur le dessus, rousse et blanche en dessous),un bec long et fin,un corps court et trapu,une taille approximative de 16 cm et un poids, approximatif lui aussi, de 40 g.Son bleu étincelant provient des reflets prismatiques de la lumière sur les structures minuscules de ses plumes.
Le sexe des martins-pêcheurs se différencie à la couleur du bec : presque tout noir chez le mâle ; chez la femelle, la mandibule est du même orange que les pattes.
La Chouette de l'Oural (Strix uralensis)
est une espèce de rapaces de la famille des Strigidae. Cet oiseau de proie nocturne peut ressembler à la Chouette hulotte, et se rencontre à l'est de l'Europe, appréciant les forêts profondes. L'espèce n'est pas menacée.
De la taille d'une buse, elle mesure environ 60 cm de long, pour une envergure de 105 à 116 cm. Son poids varie entre 500 et 1 300
Elle aime les forêts denses de plaine ou de montagne, surtout dans les endroits riches en rongeurs, sa source première de nourriture..
Il n'y a pas de dimorphisme sexuel apparent mais cependant le mâle est un peu plus petit et un peu plus léger que la femelle. Cette espèce rappelle laChouette hulotte à la livrée très variable, mais sa queue est plus longue, les disques faciaux plus clairs avec des yeux plus petits1.
L'adulte effectue une mue complète d'avril à août tandis que celle du jeune est partielle et se déroule de juin à septembre.
Son régime alimentaire est essentiellement constitué de rongeurs (mulots, souris et campagnols) et musaraignes du genre Sorex, et l'espèce abonde là où ces proies sont nombreuses. Elle attrape également oiseaux (merles, pigeons, des geais et même des Tétras lyre) et amphibiens.
Dans le centre de la Suède, le Campagnol terrestre (60 % de la biomasse consommée) et le Campagnol agreste sont les deux proies principales de la Chouette de l'Oural. Sur 2 309 proies examinées, surtout au printemps, il y avait 765 campagnols terrestres, 711 campagnols agrestes, 273 campagnols roussâtres, 155 musaraignes du genre Sorex, 195 oiseaux et 78 amphibiens
Musée des Beaux Arts de Châlons-en-Champagne 51000
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